le doxaphobe

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politique


Les municipales de la dernière chance ?

 

 

     Les élections municipales approchant j’aimerais vous parler d’un sujet qui me tient particulièrement à cœur. La léthargie de ma chère ville du Creusot. Nouvel habitant depuis cette année mais étant fortement acclimaté par mes fréquentes visites au cours de mon enfance, le constat est flagrant d’un point de vue extérieur, il est douloureux lorsqu’il devient intérieur. Si je ne suis Creusotin de fait que depuis peu, je le suis de cœur depuis toujours

 

 

     Des années de gérance en mode croisière de la part d’une gouvernance en place depuis si longtemps qu’elle s’apparente à une monarchie ont conduit ma ville à un état comateux se dégradant de mois en mois et tellement peu semblent réagir face à son décès programmé. Cela peut vous sembler alarmant mais c’est bien la mort qui l’attends au tournant. Et pourtant, cela serait si simple de la réveiller, des atouts indéniables sur lesquels une économie forte et durable serait facile à construire, un passé industriel glorieux sur lequel s’appuyer malgré le travail d’amnésie forcée conduit par l’actuelle mairie, un pôle de compétences extraordinaire…

 

 

     Etudiant à l’iut, je constate au quotidien le dédain qu’ont mes congénères face à cet endroit. La plupart ont atterris ici faute de mieux, cela en dit long sur la décrépitude de l’enseignement de la région. Lors des sempiternelles présentations de début d’année, à la question «  Qu’est-ce que tu aimes au Creusot ? » la réponse est unanime ou presque : rien, une réponse souvent partagée par les professeurs qui enseignent également sur d’autres campus. J’ai délibérément choisis de venir ici parce que cela représente peut être mon unique chance d’y habiter, considérant le marché de l’emploi qualifié je ne pourrais travailler ici qu’avec difficultés et probablement au prix de sacrifices concernant ma carrière.

 

 

     La ville se transforme de plus en plus en dortoir, et un dortoir qui se rétrécit et vieillit, j’en suis le premier témoin. Les rats quittent le navire, il ne reste que les vieux loups de mer qui connurent un vaisseau resplendissant et qui se remémorent ce brillant passé. Ainsi les anciens écoulent une retraite paisible (encore que, vu l’état de la chaîne de santé elle risque de ne pas être très longue…) pendant que les jeunes fuient en direction des grandes agglomérations ou même des plus petites comme Châlon. Le Creusot n’a aujourd’hui plus qu’à offrir des logements et des (rares) emplois pas ou peu qualifiés, pour le reste elle est en tout point similaire à une ville fantôme. Promener vous dans les rues du Creusot au cours de la semaine et rendez-vous à Lyon la semaine suivante, vous croiserez plus de personnes dans le hall de la gare en 10 minutes qu’au Creusot en une semaine, croyez-moi, j’en ai fait maintes fois l’expérience.

 

 

     On entend souvent les jeunes se plaindre «Y a rien à faire » et les plus vieux leur rétorquer « Mais si ! » en prenant pour exemple l’unique pauvre évènement du mois, comme si l’on devait vivre ce jour-là et nous mettre en pause le reste du mois. Mais pour autant tous semblent résignés, se contraindre à l’acceptation, comme si tout était fini, comme si l’on ne pouvait rien y faire. Il ne reste plus personne pour se battre et ressusciter notre ville. Tout ici est morose, à peine camouflé par les veines tentatives de Billardon, qui, à travers ces travaux d’aménagement espère bluffer son monde. Il réalise des dépenses secondaires de grande ville, comme si de nouveau poteaux, murs ou bancs publiques allaient faire oublier à qui que ce soit que cet argent ne va pas de ce qui est essentiel à la survie du Creusot. Ces initiatives électoralistes ne cachent en rien son incompétence et son système de copinage oligarchique mis en place depuis presque 20 ans.

 

 

      La situation est de pire en pire. La population ne fait que décroitre pendant que celle qui reste vieillit. Le chômage et l’emploi précaire demeure, vous n’avez qu’à regarder le nombre d’agences d’intérim. Le système de santé est calamiteux, en plus d’une gestion désastreuse, la qualité des soins ne fait que chuter, nous connaissons tous les drames provoqués par l’incompétence grandissante des médecins locaux. La ville est un désert culturel, l’arc, dont la gestion est tout aussi ridicule car confié aux « amis » de Mr. Billardon, bénéficie d’une programmation pathétique, même celui de Torcy me semble plus intéressant ! Le fait que le Creusot accueille l’exposition cartooning for peace relève tout simplement du miracle ! Notre unique cinéma diffuse uniquement des œuvres destinées à payer (avec difficultés) ses charges, ce qui est très compréhensible vu le dynamisme local. Seul des associations comme Cinémage ou des institutions comme la Médiathèque alimentent cette vie culturelle. Ne parlons même pas de l’écomusée, désespéramment vide. Les associations font figures de cercle de ragots et commérages n’existant que dans le but de ponctionner les subventions délirantes accordées par le pouvoir dans l’espoir d’une réélection, et ça marche !!! Leur rôle de dynamisation de la vie au Creusot ne se concrétise qu’à travers quelques vulgaires lotos et tombolas anecdotiques. L’argent récolté ne servant d’ailleurs qu’à financer les réunions/banquets des membres. Quand j’entends mon grand-père raconter les exploits du COC à la grande époque, du grand rendez-vous dominical que constituaient les matchs, je ressens une profonde honte face à l’état actuel de la vie sportive. Les transports en commun, fruit d’une conception d’une rare stupidité. Un bus toutes les demi-heures parcourant des itinéraires complètements absurdes ? Pourquoi ne pas avoir opté pour un système de navettes électriques permettant une plus grandes variété d’itinéraires et d’horaires ? Les réseaux d’informations, qui pourtant pourraient jouer un rôle très important dans la construction d’un vrai dynamisme local, sont désastreux, n’informant des rares évènements que 2 jours après qu’ils ne se soient déroulés. Circonstance aggravante : leur complaisance mielleuse et à peine masquée à l’égard de nos chers dirigeants locaux.

 

 

 

     Moi, je veux y croire, je veux me battre, je vois cette étincelle qui demeure au cœur de chaque Creusotin, cette étincelle qui ne demande qu’un peu de courage pour rallumer le brasier des temps passés. La solution semble tellement simple ! Nous bénéficions d’atouts tellement forts et si peu utilisés. Comment se fait-il que des villes comme Autun ou Châlon connaissent un destin qui aurait du nous appartenir ? La proximité avec Paris et Lyon combinée avec la gare TGV et un prix de l’immobilier ridiculement faible, sans compter la présence d’entreprises au savoir-faire unanimement reconnu, devrait nous procurer une attractivité incroyable pour les jeunes start-up et PME. Une ville comme le Creusot présente tous les avantages que ce genre de cible recherche, seulement ils n’en n’ont jamais entendu parler autrement que par le nom d’une gare TGV. Ce sont les entreprises de tailles moyennes qui créent une vie locale florissante, ne serait-ce que par la diversification de l’échelon de l’offre d’emplois, ou l’organisation d’évènements, à but publicitaire. Créer une nébuleuse d’entreprises innovantes offrirait un rayonnement d’attractivité à l’échelle nationale, et pourtant… La présence d’une scène nationale devrait attirer de biens meilleures offres que ces vagues prestations actuelles que l’on pourrait qualifier, tout au mieux, d’amateur. La présence d’un pôle de santé important, appuyé par celle de l’école d’infirmière devrait nous garantir une chaîne de santé digne de ce nom, centralisant les institutions éparpillées et concédées aux communes avoisinantes au fil des années. Pourquoi n’est-ce pas déjà le cas ?

 

 

     Je suis persuadé qu’il n’est pas trop tard pour agir et que nous pouvons encore sauver notre ville, les municipales approchent, vous aurez le pouvoir entre vos mains, sauvez nous de ce poison qui nous annihile depuis presque 2 décennies.


23/02/2014
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